Le Continent noir, les peuples Africains, les Femmes Himbas ancrées dans cette terre rouge, le Kenya, l’Éthiopie… Le berceau de l’Humanité m’a toujours troublé et mystérieusement attiré. La lumière sur leur visage, les contrastes, le vécu qui se lit dans la beauté de leur incarnation. Le monochrome du désert, de la terre. L’épaisseur de la peau des éléphants, des rhinocéros. Les matières de ce continent résonnent en moi si profondément, c’est viscéral. Ici, je peins des portraits de femmes noires, des portraits d’âmes. Je ne peux pas créer autre chose. Alors je me suis demandée : pourquoi ? 

J’ai étudié l’Art au Lycée, Bac F12 et j’avais déjà en moi depuis longtemps de grandes tristesses incomprises. Quand j’ai recommencé à peindre et puisque je souhaitais me professionnaliser, j’ai voulu comprendre pour avancer. Un jour, le mot Transgénérationnel est venu à moi ! Comme une petite voix. Alors, je m’y suis intéressé. Il y aurait, au-delà de la 7e génération dans ma lignée maternelle, une ancêtre en Afrique qui aurait énormément souffert… Elle a connu la famine, la perte de ses enfants, l’asservissement, l’humiliation, la violence, l’esclavage, les sévices sexuels (j’écris, j’ai les larmes qui montent). Captive, enchainée, réduite à l’état de rebut, sans plus aucune valeur. Nous sommes connectées. C’est devenu ma mission de vie ! Je suis là pour lui rendre sa dignité, la montrer, l’exposer, parler d’elle, de ses blessures du passé.

Plus rien ne me bouscule, plus aucun jugement. Je suis là pour elle. Je souhaite partager mon travail, le montrer et l’exposer à travers une peinture de femme noire sans cesse régénérée ! Pour lui rendre hommage. Réparer ses blessures et par extension réparer les blessures de bien d’autres ! Nous sommes tous concernés ! Je peins nos racines, nos ancêtres, nos mémoires cellulaires. Pour les libérer, nous libérer du poids et des émotions que nous portons et cumulons de génération en génération.