La couleur orangée dont j’ai ressenti  le besoin me plonge en terre d’ Afrique. Awa évoque le vécu de nos Ancêtres, nos lignées maternelles, ethniques, le feu qui l’anime, l’esclavage, les sévices sexuels, la violence, l’humiliation, l’enfantement non désiré. Ce passé surchargé de blessures ancrées dans les profondeurs est transmis inconsciemment aux descendants. Puis, ils se cumulent, de génération en génération. De la même façon que l’on peut hériter des yeux de sa grand-mère. On parle de transgénérationnel. Pendant la phase d’appropriation, la couleur rouge orangé étalée intuitivement avec les doigts a donné naissance à des formes explicites : au centre de sa zone sexuelle, une femme accouche dans la souffrance d’une grossesse résultant d’un viol…encore. Un peu plus loin, sur la droite, sur le dessus de sa main, un fœtus qui porte déjà ce poids. Le trait de peinture blanche qui le relie jusqu’en haut de la toile a lui aussi été tracé aléatoirement au début du process. Comme un cordon ombilical, symbole de transmission. Il lie aussi les mains d’Awa, comme des chaînes. La matière granuleuse au centre du cercle incarne une peau en souffrance, physiquement, les maux s’expriment. Finalement le cercle noir s’inscrit de sa tête, jusqu’à sa zone sacrée. Englobe les différents points énergétiques, comme une cellule unique. Une cellule comme un héritage inéluctable et éternel.

Je découvre que Awa veut dire « NON « dans différentes langues ! Et se traduit aussi comme Eve ! La première Femme qui transmet.

À travers cette peinture de femme africaine sur toile, Awa captive par son regard puissant. Sa posture est sereine et vive. Elle sait qu’un transgénérationnel trop fort, trop chargé peut être libéré maintenant. Elle impose sa force. On la voit ! Sa dignité est restaurée.